Sous une pluie diluvienne, au petit matin - enfin, il est 9 heures - le troupeau se réunit pour entamer sa transhumance automnale.
Tournant leurs naseaux vers le ciel et ouvrant grandes leurs narines pour humer l'air frais du matin, deux bêtes de tête se mettent tout à coup en route. Elles se laissent mouvoir par leur instinct animal, car elles vont dans la direction opposée de l'intinéraire du club proposé sur internet. Il est vrai que les bêtes et internet...! Le troupeau suit. Suivre, c'est le propre du troupeau.
Les deux bêtes de tête se relaient pour abriter les autres du vent. On traverse ainsi de belles campagnes pour escalader, dans une région plus habitée, un endroit appelé "citadelle". Pourquoi, les bêtes chosissent-elles cet endroit? Ont-elles aussi une sensibilité esthétique, car le point de vue est magnifique? Ou est-ce simplement, parce que c'est l'endroit habituel pour se soulager et s'alimenter? Ce qu'elles font. Puis elles se remettent en route. Et l'une des bêtes de tête, s'engage tout à coup dans une petite route près d'un endroit appelé Solières. Et là, on craint le pire pour le troupeau, car la pente monte à du 14, 15, 17, oh la la, du 22%. Heureusement, il ne s'agit que d'une centaine de mètres... ou deux. Plus de peur que de mal. Personne ne lâche.
Et voilà qu'après 86km, on se retrouve au point de départ. Logique, parce que, c'est à nouveau le printemps. C'est en tout cas ce que semble indiquer le rayon de soleil qui veut timidement percer le champ de nuages.
"Mais où est le reste du troupeau?", demande Anne-Marie, la soeur de Jean-Pol, quand les deux bêtes de tête, Jean-Marie et Manfred, rentrent à l'écurie. "Quel troupeau? Il n'y a jamais eu de troupeau. Nous sommes les seules bêtes de la journée. A boire!"
A la santé du club! Il en a besoin.